"C'est 30% de notre chiffre d’affaires": le rétrogaming fait toujours plus d'adeptes (et de recettes)

À l’occasion de la Paris Games Week, le grand salon de jeu vidéo qui démarre ce jeudi à Paris, RMC vous dévoile en exclusivité les chiffres des ventes de rétrogaming d’Easy Cash. Sur cette plateforme d’achats de seconde main, ce sont les consoles et les jeux créés il y a plus de vingt ans, comme la Game Cube ou le jeu Tetris, qui arrivent en tête du classement des produits se vendent de plus en plus.
En 2025, les ventes de ces produits ont augmenté de 12% en un an sur Easy Cash. Les enseignes de jeux vidéo généralistes ont compris qu’il y avait un marché pour cela, comme chez Maxxi Games situé au Kremlin-Bicêtre en région parisienne, où nous nous sommes rendus. Cette chaîne a créé il y a quelques années un rayon de vieilles consoles Nintendo, des vieux jeux de Game Boy.
“En pourcentage, aujourd’hui, le rétro représente 30% de notre chiffre d’affaires. Les prix des jeux varient en fonction de l’état”, explique Tep Keo, le responsable.
Il présente une console Game Boy authentique, avec la facture à l’appui. Cette console de 1992 vaut entre 200 et 300 euros. On peut évidemment en trouver des moins chères, mais en général, ces produits prennent de la valeur avec le temps. D’après Easy Cash, la Game Boy Color qui coûtait 65 euros en 2022 coûte aujourd’hui 94 euros.
Le portrait-robot d’un fan de retrogaming, c’est une personne qui a entre 30 et 40 ans. Ce sont souvent des nostalgiques de l’enfance, ou des collectionneurs. Ils expliquent ce qui les attire dans ces produits.
“C’est plutôt pour le souvenir que ça me procure parce qu’il y avait des excellents jeux quand j’étais gosse. On allait à l’essentiel avec ces jeux-là et c’était cool”, indique Hossam, 38 ans.
“Les gens qui concevaient ces consoles, on sent qu’ils aiment vraiment le jeu vidéo. Maintenant, j’ai l’impression que c’est le marketing qui prend la main”, regrette Anthony, 39 ans.

Cette hausse des ventes n'étonne pas Julien Villedieu, ancien directeur général du syndicat national du jeu vidéo.
“C’est la madeleine de Proust des joueurs. Ça nous rappelle notre jeunesse, ça nous permet de socialiser. Et c’est aussi peut-être une façon de résister à l’envahissement de la technologie. Le retrogaming, c’est des choses très simples, c’est des gameplay éprouvés et qui plaisent à tout le monde”, appuiet-t-il ce jeudi sur RMC.
Mais les jeunes générations aussi s’intéressent au retrogaming. RMC a rencontré Marwan, toujours dans ce même magasin, il a 18 ans. Les consoles des années 1990 ce n’est pas sa génération et pourtant, il adore ça.
"ll y a une certaine patte qui est sympa. Super Mario il n’y a pas d'histoire particulièrement, c’est juste on joue. Et j’aime bien ça", appuie-t-il.
Cette passion se transmet aussi par les parents. Joachim, 50 ans, est membre d’une association de fans de retrogaming, la WDA. Avec son fils Armand, 10 ans, il allume un vieil ordinateur des années 1990 pour jouer à des jeux d’époque, comme Pacman. “Ce qui me plaît dans ces jeux, ce sont les graphismes qui sont différents. Et j’aime bien jouer avec mon père. Mais ce que je n’aime pas, c’est perdre”, rigole Armand.
“Quand on joue à un jeu vidéo ensemble, j'ai un peu l’impression qu’on a le même âge, que j’ai 10 ans avec lui et qu’on partage des trucs. Et puis c’est aussi un moyen de leur montrer comment c’était avant, c’est une richesse de notre patrimoine”, appuie son père.
Selon Florent Gorges, historien des jeux vidéo auteur de plusieurs livres sur le sujet, il y aura toujours des fans, selon lui, et même de plus en plus.
“C’est un phénomène que l’on peut considérer comme glissant. À chaque nouvelle génération de console, il y a une génération qui sera considéré comme du rétro. Donc, en fonction de l’âge auquel vous avez commencé à jouer aux jeux vidéo, vous êtes susceptibles de tomber dans le rétrogaming”, appuie-t-il.
Et ce rétrogaming, qui cartonne, occupe évidemment tout un espace dédié à la Paris Games Week, qui ouvre ses portes ce jeudi.
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